11 février 2013

Commémoration de l'Abbé Bougard 10-02-13

Très beau discours de Monsieur Michel Meurée....
Je vous en fais part...A méditer...



 (Abbé Bougard 2013)
Je dois vous avouer que lorsqu’Armand Bricq, votre nouveau Président du Conseil de Fabrique, m’a demandé de dire quelques mots à l’occasion de cette cérémonie, j’ai été pour le moins dubitatif.
Car que dire de l’Abbé Alphonse Bougard que l’on ne sache déjà ?
Et puis,  certains événements récents et répétitifs m’ont interpellé. Et je me suis interrogé. Je me suis demandé ce que j’aurais fait si, au lieu de naître au milieu de la guerre, j’étais né vingt ans plus tôt. Certains d’entre vous se sont peut-être déjà posé la question. Aurais-je eu, comme le vicaire Bougard, le courage de défendre mes opinions  et de les défendre jusqu’au bout ? Car c’est peut-être cela que l’on n’a pas dit assez. Et tous les Résistants que j’ai connus, à commencer par l’ancien commissaire Druine ou l’ancien échevin Emile Clersy, me l’ont confirmé à l’époque. L’abbé Bougard se savait menacé. Il était sur la liste noire. Ses activités étaient connues et il n’a jamais cessé, même ici, à l’intérieur de cette église, de vilipender ceux qui se mettaient au service de l’occupant. Il savait qu’un jour ou l’autre, il serait arrêté. Mais il n’a jamais voulu fuir, il n’a jamais voulu se cacher, il n’a jamais voulu faire attention. Il était prêt pour le sacrifice suprême parce qu’il était persuadé que ce sacrifice ne serait pas inutile.
Hasard des dates ? Au moment où nous commémorons le septantième anniversaire de son arrestation, on vient d’évoquer les 80 ans de la prise pouvoir d’Hitler, en janvier 1933. Et il est bon de se rappeler un certain nombre de faits. Il faut se rappeler qu’Hitler a prêté serment de chancelier en redingote et chapeau haut-de-forme, et qu’on l’appelait Monsieur Hitler. Qu’il est arrivé au pouvoir d’une manière tout à fait légale, après des élections, et que le parti national-socialiste était loin d’être majoritaire dans le gouvernement de coalition. Mais le vernis a très vite craqué, avec les conséquences que nous connaissons.
Faut-il en tirer des leçons ? Certains en ont voulu au Roi d’avoir pointé du doigt quelques attitudes anormales. A-t-il eu tort ? Quand on voit un parti prendre d’assaut un hôtel de ville au soir des élections, quand on voit qu’un bourgmestre fait enlever les portraits royaux de la salle du Conseil et que l’on ne fera flotter le drapeau belge qu’aux jours d’obligation, qu’ailleurs on interdit de porter des vêtements de couleur arc-en-ciel parce qu’ils pourraient dénoter une tendance sexuelle déterminée, je crois qu’au contraire, le roi a bien joué son rôle.
Bien sûr, le spectre de la guerre est loin. L’Union européenne a au moins ceci à son actif : depuis 1945, nous n’avons plus connu de conflit armé. Mais des guerres, nous en avons connues aux portes de l’Europe : l’ancienne Yougoslavie, l’Albanie et le Kosovo, ce n’est pas si loin, ni dans le temps, ni dans l’espace. Et nous voyons se développer dans tous nos pays, des partis nationalistes, des partis populistes qui rejettent peu ou prou la démocratie, qui veulent restreindre les libertés individuelles, qui dressent les populations les unes contre les autres en fonction de richesse, de développement, d’origine, de religion, de culture, que sais-je ?
Et en-dehors de l’Europe, je ne prendrai qu’un exemple. Qu’est devenu l’immense espoir qu’avait fait naître ce que l’on a appelé le « Printemps arabe » ? Quand on voit ce qui se passe aujourd’hui en Tunisie ou en Egypte, où le peuple se révolte à nouveau pour essayer de se réapproprier sa révolution, quand on voit la joie de la population de Tombouctou libérée de l’emprise islamiste, on doit bien se dire que les signes alarmants sont nombreux.               Ici et ailleurs.
Je crois que pour que le sacrifice de l’Abbé Bougard et, à travers lui, de milliers et de milliers d’autres, ne devienne pas septante ans après un sacrifice inutile, nous devons être attentifs, je dirais même vigilants, et responsables. Les générations qui nous suivent ne nous le pardonneraient pas. Soyons, à notre tour, des Résistants.

                                                                                  Michel Meurée.
                                                                                    (10.02.2013)

Aucun commentaire: