13 décembre 2011

Communiqué de presse de l'association inter-réseaux des directions d'écoles...

Et si on supprimait les syndicats de l’Enseignement ?

L’AIDE prend, une nouvelle fois, acte de l’évolution et de la tournure des négociations/groupes de travails mis en place entre les Pos, les Syndicats et la Ministre de l’Enseignement Obligatoire.
Les salles des profs et les Conseils de Participation vrombissent et s’interrogent.
Ils ont « assisté » à de longues tractations (tellement mobilisatrices dans certains ministères que les autres dossiers importants ou urgents –notamment pour des enfants- passent en seconde position) pour diminuer le nombre d’élèves par classes … d’une unité (ou moins !) de manière quasi lisse sur l’ensemble du cursus avec capacité dérogatoire pour les écoles qui posaient tellement problème qu’elles étaient … à l’origine de la réflexion. Comme, nous disent nos interlocuteurs, pour le décret inscription, pour la circulaire logo, …
L’AIDE est interrogée, par ses membres directeurs en fonction ou directement, sur l’éventuel processus d’évaluation de telles mesures : au point de départ, en cours et au final. En effet, de nombreuses équipes éducatives se retrouvent sur le terrain avec des groupes d’enfants dont les nombres sont inférieurs aux normes statistiques. Dès lors, ils s’interrogent une nouvelle fois : toutes ces discussions servent-elles uniquement à gérer quelques établissements scolaires –connus et rappelables à l’ordre dans le contexte législatif actuel - en enm…. tous ceux qui prennent, en équipe et sur le terrain –le réel, pas celui des réunions et des visites d’école-, les phénomènes à bras le corps ? Au sein des salles de profs, nombreux s’interrogent sur l’impact réel auprès des élèves et étudiants et donc sur la qualité de l’enseignement d’une telle mesure. Personne ne conteste que diminuer le nombre d’enfants par classe semble (nos contacts enseignants, parents, directeurs, … insistent lourdement sur ce terme « semble » car ils l’estiment très/trop simpliste) un paramètre adjuvant à améliorer le système de l’enseignement. Mais, dans le contexte actuel, ils comparent cette logique à un « énième emplâtre, nécessaire, sur une jambe de bois ». Ne faudrait-il pas plutôt une jambe plus performante ?
« Tout cela pour ça ? » L’AIDE s’interroge sur l’évaluation de ce processus. Est-il lié à une amélioration attendue des résultats de notre enseignement ? Si une évaluation était programmée et que l’impact observé était nul, quelles dispositions seraient prises ? Une autre affectation des moyens ? Ou plutôt le ridicule d’un saupoudrage perpétuel qui consistera à dire que lors du prochain pow-pow, on passera de 25 élèves à 24 ? Puis de 24 à 23 ? Jusqu’à arriver en 2032 à 1 enseignant pour chaque élève ? Vous verrez qu’à ce moment-là, certains diront encore qu’ils ont une mauvaise classe … nous indiquent les enseignants et les directeurs.
Bien sûr, tout le monde reconnaît que la limite budgétaire est atteinte pour la Communauté Française. Que si les moyens financiers existaient encore et permettaient de descendre radicalement le nombre d’enfants par classe, là, les impacts seraient observables. En même temps, les directeurs, parents et enseignants se demandent « ce que l’on fait de la gestion des moyens existants et ce que l’on a fait des moyens complémentaires qui sont parvenus au fil du temps (St Boniface par exemple) ». Ce qui est intéressant, c’est qu’ils nous posent la question, non pas en terme de justification mais en terme d’efficience : les mesures prisent ont elle été insérées dans une vision globale à long terme, les mesures

ont-elles été évaluées, ajustées, quels ont été les impacts des mesures sur la qualité intrinsèque de notre enseignement ?
C’est sans doute de là que provient l’idée que l’on investit toujours plus, que l’on en veut toujours plus mais que les résultats ne changent pas. Que ce soit dans les études argumentées mais aussi et surtout sur le vécu des familles par rapport aux écoles. Certes, seuls certains idiots comparent encore les systèmes éducatifs performants de certains pays et notre système éducatif Communauté Française en comparant des pommes avec des poires.
Effectivement, lors de chaque tentative d’amélioration (déclarée en tous cas) de l’enseignement, les normes OCDE sont utilisées pour conforter les certitudes de certains décideurs.
Comme un balancier perpétuel qui cycliquement au rythme des législatures nous reviennent, ces normes nous vantent les mérites de pays bien meilleurs que la Communauté Française… De la Finlande à la Corée …

Pays qui restent « meilleurs » sans doute aussi à cause de la stagnation des résultats de nos élèves mais et surtout, et c’est là le drame, à la stagnation de l’écart entre les plus forts et les plus faibles. Même si, au demeurant, un petit souffle nous pousse vers le haut. Petit souffle dont il est sans doute impossible de dire qu’il participe à une meilleure préparation de nos élèves (qui serait alors en partie le résultat évalué et objectivé des mesures prises par nos décideurs …) ou à une meilleure préparation de nos élèves … à l’épreuve elle-même.

Ainsi par exemple, lors du récent débat sur le redoublement, deux grands arguments nous ont, une nouvelle fois été présentés comme incontestables : le redoublement coûte cher (le montant flirte maintenant avec les 450 millions) et cela ne « marche pas » puisqu’au-delà des études, des pays pratiquant le non-redoublement sont bien meilleurs (nous y voilà !) que nous dans les tests internationaux.

Et même s’il en existe d’autres, revoilà notre amie la Finlande et, un sourire au coin des lèvres, la Corée. Mais bien sûr la Finlande ! De si bons résultats avec seulement 6,2 % de son PIB alors que les entités Belges en investissent entre 6,6 % et 6, 8 % !

Et voilà ! CQFD ! Supprimons dès lors ce redoublement ! Cela est évidemment très porteur médiatiquement ! Ce que l’on oublie (non intentionnellement ?) c’est que la Finlande scolarise +/- 500 000 élèves et la Belgique … +/- 1 500 000 élèves.

Si nous appliquions ce raisonnement simpliste de certains décideurs au départ des résultats de la Corée, nous pourrions nous dire que l’influence syndicale y étant certainement moins grande avec des résultats brillants dans les tests internationaux qu’il suffit de … supprimer les syndicats chez nous et que nos résultats aux tests seront meilleurs …

Bien sûr, tout le monde aura compris que ce voyage est ABSURDE, que les syndicats sont évidemment nécessaires et que cet argument par l’absurde n’existe que pour démontrer à nos décideurs, qu’au-delà de paroles –bien utiles médiatiquement-, il est urgent, pour nos enfants, de voir plus loin, d’effectuer des comparaisons sérieuses en ayant le courage de comparer l’entièreté du fonctionnement d’un autre système et pas seulement le paramètre qui intéresse à un temps « t » donné. A ce juste titre, le système finlandais tant utilisé s’appuie tout autant sur la professionnalisation des différents acteurs, tous quasis universitaires et qui sont choisis par la direction de l’école. Un salaire en conséquence y est d’application qui peut être ajusté en fonction du mérita de l’agent. Il est trop facile d’aller chercher les arguments porteurs pour son propre argumentaire (fut-il bon ou pas) et d’en oublier tous les autres.

Tant que la pratique du saupoudrage corporatiste de mesures (fussent-elles bonnes ou pas) n’existe que pour elle-même et ne s’insère pas dans un changement fondamental qui s’appuie sur une visée clairement étudiée, établie, définie (tant dans ses intentions et ses moyens) et soumise à évaluation pour réorientation (tant dans ses intentions et ses moyens…), nous ne ferons que miser sur des résultats aléatoires qui amélioreront, certes (ce serait le comble !), la position des acteurs dans le système, mais ne toucheront qu’aléatoirement ce pourquoi les enfants, TOUS les enfants,




viennent à l’école. Le décret mission est une grande idée s’il devient un réel projet pour chacun et pas un texte qui morceau par morceau sert juste à justifier le projet individuel de chacun.

Par médias interposés, dans le cadre du groupe de travail sur la fin de carrière des enseignants, nous assistons aujourd’hui à un nouvel acte de notre pièce. Pièce malheureusement dramatique pour nombre de nos enfants mais qui semble, distorsion encore, plutôt ressembler à un mauvais vaudeville : claquements de portes, dramatisation, torpillages, …. Ces effets de mise en scène semblent nécessaires aux acteurs d’une pièce dont le producteur a épuisé ses moyens financiers.

Un jour, ces acteurs-pédagogues de salon nous indiquent qu’il est impossible d’évaluer un enseignant et dans la foulée nous indique que les enseignants de fin de carrière sont tous des enseignants chevronnés (vous savez les enseignants du système actuel qui marche si bien) qui pourraient devenir les mentors des nouveaux enseignants !

L’AIDE est ainsi une nouvelle fois interrogée sur la distorsion qui existe entre les vrais acteurs de terrains (enseignants, psychomotriciennes, puéricultrices, maîtres spéciaux, directeurs, agents PMS, agents PSE, logopèdes …), dont la capacité volontariste a déjà faire beaucoup mieux avec les moyens disponibles est largement démontrée, et, malgré toute l’importance reconnue des points abordés, la façon dont est géré/piloté notre enseignement : QUI PILOTE REELLEMENT NOTRE ENSEIGNEMENT et à quel prix ? Le Politique ? Les Cabinards ? Les Cabinets « belle-mère » ? Les Syndicats ? L’Administration ? Les Pouvoirs Organisateurs ?

Avoir atteint les limites financières de la Communauté Française illustre, quel que soit le parti prit et les objectifs corporatistes des uns et des autres, à souhait les limites –dégâts- de la vision à court terme du saupoudrage de moyens.

Depuis longtemps, nous défendons la mise en place d’un cercle vertueux au sein d’un véritable « plan marshall » pour l’école. Un plan qui avec un véritable objectif de réelle réussite pour tous nos enfants modifierait profondément le système actuel en injectant les moyens disponibles là où ils sont réellement nécessaires en instaurant une culture du résultat alliée à une réelle culture d’affectation efficiente des moyens disponibles. Il est urgent de créer au lieu de saupoudrer car dans nos écoles, le système actuel génère lui-même ses propres échecs. Les décideurs d’hier qui sont encore parfois ceux d’aujourd’hui sont-ils prêt à en assumer la responsabilité non pas face à leurs sempiternels interlocuteurs en réunion, non pas à la chaleur de leurs bureaux, non pas au sein de leurs cercles de pensées unilatéraux mais face à l’enfant que leur mauvaise pièce place ou maintien en échec scolaire ?



Ghislain Maron, Directeur d’école,
Président de l’AIDE
0476572597

Yves Thomée, Directeur d’école,
Secrétaire Général de l’AIDE
0476428122

Johan Pétré, Directeur d’école,
Administrateur de l’AIDE
0478760583

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